Le présent article poursuit l’étude psychanalytique que j’ai entreprise des enjeux de la déconstruction et de la reconstruction de l’identité sonore au sein du processus d’adolescence dans le cadre de ma thèse de doctorat en psychologie clinique (Brault, 2019). Dans le présent texte, je soutiendrai l’hypothèse que l’enveloppe sonore du Soi, au sens de D. Anzieu (1976), constitutive de l’identité sonore (Lecourt, 1994 ; Brault, 2019), est percée par l’irruption du sexuel génital (le surgissement pubertaire) impliquant un mouvement de déstructuration des limites du Soi et de ses fonctions (Anzieu, 1985) : la contenance, qui fonde le sentiment de la continuité du Soi (limitation entre le dedans et le dehors), et l’individuation du Soi, qui offre à l’infans le sentiment d’être un être unique (limitation entre Soi et l’autre). C’est ce mouvement de déstructuration que je nommerai la violence sonore pubertaire. Celui-ci correspond à la violence qu’exerce l’entrée en fonction du pubertaire sur l’identité sonore. Il s’agit d’une violence de l’anticipation ou de l’interprétation : la puberté impose au corps sonore un caractère génital que la psyché de l’enfant pubère ne s’attribue pas encore. Ici, les effets de la violence sonore pubertaire seront interrogés à partir d’une certaine lecture (et écoute) d’une figure de la mythologie grecque : le dieu Pan.
Je propose donc de procéder à un focus sur le corps sonore pour interroger les enjeux de la déconstruction et de la reconstruction des limites du Soi à l’adolescence…