« La culture est au demeurant essentiellement édifiée sur le renoncement pulsionnel et chaque individu pris isolément doit, sur le chemin qui mène de l’enfance à la maturité, répéter sur sa personne ce développement de l’humanité menant à la résignation compréhensive ». Du renoncement pulsionnel à la résignation compréhensive, le concept de « période de latence » a d’abord représenté une nécessité logique pour Freud au cours de l’élaboration de la métapsychologie psychanalytique. La détermination d’une période dénommée « âge de latence » devait en effet pouvoir rendre compte d’un développement en deux temps de la sexualité chez l’être humain. Sans cette notion, l’articulation entre sexualité infantile, travail de civilisation et étiologie des névroses ne pouvait se comprendre dans ses mouvements d’après-coup et de formations réactionnelles.
Certaines cliniques pré-adolescentes et adolescentes allant de l’inhibition à l’excitation nous permettent d’appréhender la manière dont s’est aménagée chez le sujet une forme d’intolérance aux mouvements de latence. Nous nous interrogerons sur cette résistance et sa fonction dans l’économie psychique de ces sujets. Enfin, à la lumière des enjeux qui seront dégagés autour de cette problématique, nous évoquerons quelques perspectives thérapeutiques à explorer pour favoriser la relance du travail de latence (Urribarri, 2000).
Lorsque le clinicien rencontre un « adolescent » en consultation psychothérapique, avec l’expérience et selon ses repères théoriques, il réunit malgré lui un certain nombre d’indices, d’éléments, qui lui donnent petit à petit une idée de la manière dont le processus adolescent se déroule pour le sujet qu’il accueille et sa famille…