L’adolescence est un âge frontière. Nous devons prendre en compte cette dimension dans nos prises en charge et dans nos façons de les construire. En tant que collègues, psychologue et psychomotricienne, l’envie de collaborer/de créer un dispositif commun a rapidement été une évidence. Le travail en psychomotricité interroge les interactions entre corps et psyché et nous avons voulu penser un espace groupal où nous pourrions interroger la façon d’être au monde de ces adolescents. Nous avons donc ainsi créé le groupe « Corporescence » qui allie la prise de conscience corporelle et les représentations du corps.
Notre dispositif thérapeutique s’est construit au sein de l’unité de double prise en charge somato-psychiatrique d’un service de médecine de l’adolescent. Les patients qui nous sont adressés sont atteints d’une maladie somatique chronique de l’enfance ou apparue à l’adolescence, (comme le diabète, la mucoviscidose, la drépanocytose ou la maladie de Crohn) toujours intriquée dans des problématiques complexes : psychologiques, psychiatriques, éducatives, scolaires, sociales, familiales. Ces adolescents sont hospitalisés dans notre service de quelques mois à plusieurs années, car leur maladie, les traitements qu’elle leur impose, leur environnement quotidien, les empêchent de suivre leur scolarité comme ils le souhaiteraient, de pouvoir accéder à des soins réguliers ou les amènent à ne pas être en sécurité sur le plan médical et/ou psychique.
L’hospitalisation en soins-études est une prise en charge institutionnelle singulière pendant laquelle les adolescents se confrontent à d’autres qui, comme eux, sont séparés de leur famille, leurs amis, dans un milieu médicalisé…