La traversée des aléas identificatoires propres au processus d’adolescence et le caractère quantitatif des émergences pulsionnelles suite à la période de latence, conduisent, dans le meilleur des cas, à une mentalisation dont les qualités de souplesse, de mobilité et d’associativité sont propices à une vie psychique dotée de capacité représentative et fantasmatique, protégeant suffisamment le soma. Dans ce passage, la reconnaissance et la mise en mots des émotions et des affects double et consolide le processus d’individuation.
La psychothérapie de Victor, en face à face, m’a interrogée sur les enjeux pulsionnels qu’il traversait, alors qu’il était venu me voir pour des céphalées étiquetées « psychogènes » par son entourage médical. Il m’a semblé que sa cure pouvait rendre compte d’un processus transféro-contre-transférentiel favorisant la reviviscence et la réorganisation de ses capacités d’élaboration, de représentation et de symbolisation jusqu’alors entravées, en particulier la représentation de la scène primitive parentale.
Le père de Victor me contacte sur les conseils du service de neurologie pour que je reçoive son fils âgé de quinze ans : une tumeur cérébrale bénigne a été diagnostiquée à ses neuf ans et a nécessité jusqu’à ses onze ans, sept exérèses chirurgicales successives. Il est déscolarisé depuis plusieurs mois pour des céphalées qui ne seraient pas en lien avec sa maladie, considérée comme guérie depuis maintenant quatre ans, mais qui sont rebelles à tout traitement médical…