Dans notre société actuelle, les origines biologiques de l’individu sont fortement valorisées et idéalisées (Lévy-Soussan, 2002 ; Cadoret, 2012). Cette dimension est particulièrement mise sous tension dans les filiations spécifiques et notamment dans l’adoption. C’est souvent à l’adolescence que la quête des origines est la plus marquée (Mazeaud, Harf et coll., 2019). Avec l’avènement de la sexualité génitale et la possibilité physique de la procréation, la question de la transmission de facteurs génétiques inconnus peut se poser pour les adolescents adoptés. Mais cette quête ne prend pas seulement la forme d’une recherche des origines biologiques. Elle pose également d’autres questions, autrement fondamentales : quel désir ou absence de désir est à l’origine de la conception de l’enfant ? Quelle est l’histoire du couple de géniteurs ? Quelle est celle des parents biologiques et de leur famille ? Les doutes peuvent également concerner la grossesse, la naissance et les premières interactions (Golse, Moro, 2017).
La quête des origines a suscité de nombreux débats, non seulement dans l’espace public mais également auprès des professionnels accompagnant les familles adoptives. Pour certains auteurs (Lévy-Soussan, 2002 ; Soulé, Lévy-Soussan, 2002), elle représenterait une « quête affective » ayant pour but de réparer la blessure originaire, celle de l’abandon. Elle représenterait une défense face au conflit œdipien et s’inscrirait dans le processus de séparation-individuation, propre à l’adolescence…