La notion de frontière fait partie intégrante de l’adolescence tant dans sa dimension intrapsychique – zone frontière entre l’enfance et l’âge adulte, entre le nouveau corps pubère et son intériorisation comme objet interne –, que dans sa dimension intersubjective : frontière entre le soi et le non-soi. Penser les limites et la notion de frontière à l’adolescence, c’est entrevoir les phénomènes frontières comme ce qui définit un entre-deux qui sépare et relie deux territoires au moins, incluant la dimension d’espace et de temps. Là où la limite établit une séparation ou distinction, la frontière permet de concevoir cet entre-deux comme un au-delà de la dichotomie imposée par la limite. Le dualisme restrictif laisse place à un pluralisme unifié, un espace où coexistent les différences sans tenter de les fusionner. Unifier sans uniformiser, pourrions-nous dire, comme un enjeu des phénomènes frontières ; comme si le concept psychanalytique de limite répondait à un impératif de séparation/différenciation depuis quelques décennies, sans prendre en compte l’autre versant de la subjectivation qui serait la tolérance aux mouvements symbiotiques transitoires. C’est donc se rapprocher aussi de ce qui déploie des espaces et des phénomènes transitionnels, un intermédiaire qui articule deux mondes au moins – l’interne, l’externe – et cet entre-deux source de création où le sujet renouvelle sans cesse les conditions de sa reliance au monde.
L’hypothèse principale de notre travail est de montrer en quoi le rôle de l’objet-frontière participe de la construction identitaire de l’adolescent…