La phobie scolaire de l’adolescent bouscule généralement les cliniciens qui comme les parents se confrontent à un profond sentiment d’impuissance. La massivité de l’angoisse, la radicalité de la position de refus de l’adolescent surprennent d’autant plus que celui-ci était décrit comme un enfant plutôt paisible, conformiste et sans histoire. Si encore un trouble psychiatrique manifeste se déclarait, on pourrait au moins traiter ce trouble, mais on ne parlerait plus alors de phobie scolaire qui est un diagnostic d’exclusion (CFTMEA, R-2012). La psychiatrie est en panne face à cette situation, les solutions médicamenteuses ou hospitalières s’avérant décevantes dans leurs résultats. Les thérapies comportementales patinent car le comportement résiste, l’inertie domine. L’abord psychodynamique est laborieux, faute de dynamique justement, les psychothérapies s’enlisent dans un cadre immuable qui protège le non-changement au lieu de l’atteindre.
Cette immobilité nous indique, sur un plan phénoménologique qu’un étrange rapport au temps s’est installé chez notre patient. Les sentiments reliés à l’écoulement du temps comme l’ennui et l’impatience ont disparu de son registre d’éprouvés. Le temps paraît figé ; ce n’est pas un présent permanent comme dans les états-limites (André, 2010), mais plutôt une absence permanente, un retrait du paramètre temporel des données de la psyché. Avant d’étayer ce propos au travers d’une situation clinique, nous abordons la question de la temporalité à l’adolescence et de ses écueils…