La prise en charge d’adolescents aux prises avec des conduites délictueuses ou criminelles, enkystés dans une souffrance narcissico-objectale, met non seulement à l’épreuve les dispositifs de soin classique mais aussi les institutions pourtant spécialisées qui leur sont dédiées. La fragilité de leurs assises narcissiques les pousse à mettre à mal le cadre, qu’il soit thérapeutique ou institutionnel. La plupart de ces adolescents portent souvent en eux la trace de la discontinuité et des ruptures du passé, induites par la succession des placements à l’ASE, mais aussi, et surtout, par des défaillances et des traumatismes relationnels dans le tissage des liens primaires au cours de leurs interactions précoces. La réactualisation de ces souffrances archaïques au moment de l’adolescence amène parfois certains passages à l’acte de type délictueux sur la scène sociale : faute de pouvoir contenir en eux la violence des éprouvés qui les traversent, ils déversent leurs maux par des passages à l’acte, défiant toute limite, notamment celle de la loi. La souffrance qui les borde finit par les déborder : l’intensité pulsionnelle dépasse la frontière du monde psychique pour surgir dans le réel du corps. Passant du dedans au dehors, sans aucune transformation possible, ils tentent d’extérioriser « l’indicible ». Échappant ainsi au monde des fantasmes et des représentations, le passage à l’acte donne lieu à une violence sans nom mais qui semble chercher un « non ». En bravant les limites internes de l’interdit (celles du Surmoi), ils se heurtent à une limite externe (celle de la loi), notamment par les réponses judiciaires ordonnées suite à leur(s) acte(s)…