Les adolescents d’aujourd’hui sont pris dans ce que l’on peut nommer une hypermodernité, définie selon A. Passard (2012) comme une exacerbation de la modernité ; plus précisément, une contemporanéité dans laquelle s’inscrit de nouveaux codes, de nouveaux réseaux et, de ce fait, de nouvelles limites et de nouvelles modalités d’agir. À partir d’un cas clinique d’une adolescente auteure d’agir violent numérique et prise dans un schéma familial problématique, nous nous proposons d’illustrer le déplacement de la violence intra-familiale vers la violence au sein du groupe de pairs, venant ainsi mettre en avant la porosité des frontières adolescentes. Entendons par violences numériques, les violences morales, telles que le harcèlement, via les réseaux sociaux et les plates-formes sociales numériques. Celles-ci viennent à la fois convoquer la psyché, le corps et le comportement chez l’auteur comme chez la victime (Harrati, Coulanges, Vavassori, 2018 ; Coutanceau, Smith, 2014 ; Radillo, Virole, 2010 ; Hirigoyen, 1998). Notre objectif fait suite aux propositions théorico-cliniques sur l’agir adolescent, notamment à propos de la non-élaboration de traumatismes passés qui viendraient se rejouer dans l’actuel adolescent, comme un langage de l’acte (Chagnon, 2014) qui s’inscrirait dans un sentiment de continuité identitaire précaire adolescent (Givre, 2014). Peu d’études scientifiques en clinique psychanalytique s’accordent à lier les traumatismes familiaux et leurs résonances psychiques sur une scène externe numérisée…