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Comment aborder la question associant « violence, adolescence, psychiatrie » ? Dégageons-nous d’emblée des points de vue, au demeurant assez peu intéressants, du type : il y a de multiples formes de violence, ou il y a de multiples façons de rendre compte de la problématique adolescente ou encore il y a de nombreuses manières de comprendre et d’exercer ce qui relève du champ de la psychiatrie.
Car si violence et adolescence semblent aller souvent de pair, en particulier concernant la psychiatrie, rien ne dit que la violence soit l’apanage de l’adolescence. Pour Freud, la violence, à l’état originel, se définit comme « le règne de la puissance la plus grande, de la violence brute ou appuyée sur l’intellect », destinée à imposer aux autres sa suprématie. Forme primitive du lien social, la violence, ultérieurement remplacée par le droit, menace de faire retour dans une civilisation en proie au malaise. Pourtant, la proximité de l’adolescence et de la violence est stigmatisée dès lors que la jeunesse est considérée comme une « classe dangereuse ». Encore aujourd’hui, les professionnels de l’éducation nationale et de la santé croient repérer dans le mensonge, l’oisiveté et la violence les germes d’une délinquance qui ternirait l’innocence de la jeunesse et justifierait le projet d’une discipline répressive dissimulant en réalité la discrimination sociale.
C’est oublier que la violence est, sur un tout autre plan, quelque chose qui peut et doit se vivre à l’adolescence au sein des relations familiales, en lien avec des affects pris dans des enjeux de différenciation et de séparation…
Auteurs
11, rue Albert Bayet
75013 Paris, France
Université de Paris
CRPMS, EA 3522
75013 Paris, France
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/10/2019
- https://doi.org/10.3917/ado.104.0221

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