Article
La rencontre, l’observation, l’écoute quotidiennes des adolescents et jeunes adultes d’aujourd’hui m’ont amenée à m’intéresser à la question de la radicalité. À cet âge, on se radicalise au sens où l’on cherche des absolus, des fragments idéaux pourrait-on dire avec les mots de Rimbaud. On veut changer le monde et ses valeurs, agir sur lui, le transformer, le rendre plus juste… Il s’agit plus d’une quête d’idéal et d’idéalité dans le moment présent que d’un processus modifiant la personne de façon immuable. Et il faut dire en introduction à ce numéro, que les adolescents s’engagent et se radicalisent dans des processus qui sont très différents les uns des autres, hétérogènes, et qu’il ne s’agit pas ici de donner un modèle unique de compréhension de situations si singulières mais d’éclairer cette radicalité par ce que nous avons appris du processus adolescent et de la capacité mutative propre à cet âge. La radicalité est de l’ordre de l’engagement. L’adolescent s’engage, se métamorphose, il se « mobilise » et croit en sa propre capacité de transformation, en sa capacité à se représenter le monde, à le modeler. Il veut grandir même s’il peut avoir la nostalgie de l’enfance. Grandir, c’est transformer des mouvements encore passifs en quelque chose d’actif, qui prend sens pour l’adolescent et qui lui donne une autonomie, une liberté de penser, d’agir, d’être, de se tromper, d’expérimenter. Mais ne confondons pas radicalité et radicalisation. Je n’aime pas ce terme de « radicalisation », et encore moins celui de « déradicalisation » qui suppose qu’on enlève quelque chose qui serait à l’intérieur de l’être…
Auteur
Maison de Solenn
97, bd. de Port-Royal
75679 Paris Cedex 14, France
Univ. Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité
CESP, INSERM 1018
Cité par
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 17/12/2018
- https://doi.org/10.3917/ado.102.0239

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