CAIRN.INFO : Matières à réflexion
« […] le mot écrit fournit un filet lequel, pendant un moment, emprisonne une forme vague qui est autre que la signification des mots » [2].
Milner M. (Joanna Field) (1934). A Life of One’s Own. Hove : Routledge, 2011, pp. 46-47 (traduction libre).

1L’adolescent qui présente des troubles psychiques sévères, psychotiques ou borderline, porte en lui une histoire autobiographique défectueuse ou saturée d’objets parasitaires et pathogènes qui interfèrent dans la construction d’un espace privé du Soi. Cette construction, lorsqu’elle se réalise, tend à prendre une forme caricaturale, que nous pourrions considérer comme un faux self défensif mais inconsistant, une sorte de cicatrice hypertrophique qui, en apparence, soutient le Soi mais qui, en réalité, le dissimule et ne reconstruit pas ses vides.

2Pour l’analyste, être confronté à la répétition continue des fragments de l’histoire de vie ou de l’histoire familiale – qui dévoilent et dissimulent à la fois la vérité chez ce type de patients – peut être angoissant. Nous examinerons comment travailler efficacement avec ces cas, en identifiant dans la narration autobiographique les mémoires traumatiques qui empêchent le patient d’organiser son histoire, mémoires explicites et implicites – ces dernières inconnues du sujet – qui influent sur l’organisation de son Soi. L’analyse grâce aux associations libres et à l’expérience vivante du transfert fonde une nouvelle identité et déclenche, à travers la création de nouveaux liens et significations, un mouvement d’éloignement d’avec ces objets pathologiques et pathogènes.

3La tâche de l’analyste est d’aider à développer une narration progressive permettant de clarifier l’histoire et mettant ainsi en lumière de nouveaux aspects de cette dernière, comme une nouvelle expérience structurante et vitale pour reféconder le passé ou amorcer l’oubli des zones traumatiques. Il faut, comme le dit D. W. Winnicott, donner le temps au patient d’articuler son monde intérieur et de construire son histoire, transformée par les nouvelles expériences et par les nouveaux liens que le processus analytique initie.

Mémoires et autobiographie

4En travaillant sur la narrativité auto-biographique d’un patient, nous découvrons des trames inconnues qui nous mettent en contact avec ses parties inconscientes. Mais combien de mémoires – quand bien même transformées par le narrateur – sont présentes dans la narration ? Combien d’inconscients peut-on entrevoir dans cette dernière ? Combien d’histoires se cachent dans ce roman familial de l’adolescent ou dans l’autobiographie qu’il construit ?

5Dès son Esquisse d’une psychologie (1895), Freud avait souligné « la nature tendancieuse de notre remémoration » [3]. Il a appelé « souvenir-couverture » [4] le souvenir qui « doit sa valeur pour la mémoire non à son contenu propre mais à la relation entre ce contenu et un autre contenu réprimé […] » [5]. Grâce à notre imagination, nous construisons et nous reconstruisons ainsi les souvenirs de notre vie dans un va-et-vient constant entre vérité historique et construction imaginaire. Dans L’Interprétation du rêve (1899b), Freud a définitivement confirmé que les rêves déforment les événements réellement advenus sous la pression des fantasmes et des désirs ou des pulsions du présent. L’analyste est, selon Freud, un historien et un archéologue qui reconstruit et « transforme » les expériences refoulées ou déposées. Mais Freud était également un clinicien extraordinaire : il semble reconnaître intuitivement qu’à côté de la mémoire explicite et auto-biographique (Fonagy, 2001) qui permet d’accéder à ce qui appartient à l’inconscient dynamique d’un patient déterminé, il existe une mémoire [6], que nous qualifierions aujourd’hui d’implicite, à savoir « l’ensemble des expériences, des fantasmes et des défenses précoces, présymboliques et préverbales, qui fondent l’inconscient et la personnalité du sujet » [7].

6« […] dans la vie d’âme, rien de ce qui fut une fois formé ne peut disparaître, que tout se trouve conservé d’une façon ou d’une autre et peut, dans des circonstances appropriées, par ex. par une régression allant suffisamment loin, être ramené au jour » [8]. Freud a ici l’intuition d’un autre genre de mémoire que celle qui est soumise au refoulement. La tâche de l’analyste, confronté à deux types de mémoire différents, est donc difficile. Avec la mémoire explicite, il construira [9] ce qui a été oublié. Avec la mémoire implicite, sa tâche sera plus complexe car ce genre de mémoire [10] est constitué par des représentations préverbales et présymboliques (Mancia, 2004).

7Nous sommes tous un peu nos propres biographes. Nous nous racontons à nos amis, aux étrangers quand nous devons nous faire connaître, mais surtout nous nous racontons à nous-mêmes. Nous construisons jour après jour nos expériences dans un continuum constitué par la continuité de nos souvenirs, reconstruites dans la mémoire et recréées dans notre imagination et dans la confrontation avec l’autre que nous. La narration auto-biographique peut être considérée comme un travail de transformation articulé et organisé ; elle acquiert un sens lorsqu’elle atteint des objectifs qui vont au-delà du simple récit intérieur. Son but est de créer la vie pour qu’elle soit reconnue comme étant notre vie à nous. L’esprit capable de créer des métaphores est son appareil transformateur. En reconstruisant notre vie nous pouvons la changer. Notre histoire auto-biographique est une matière en mutation. Freud considérait L’interprétation du rêve comme son autobiographie : « Pour moi, ce livre a une autre signification, une signification subjective que je n’ai saisie qu’une fois l’ouvrage terminé » [11].

Autobiographie et adolescence

8Le roman familial et le journal secret sont à l’adolescence les manifestations de la construction et de la prise de conscience du Soi. Ils posent la question fondamentale : « Qui suis-je ? » Cette activité, à la fois personnelle et créative, est entièrement subjective mais elle ne peut faire abstraction de l’autre : le partenaire, le parent, l’histoire familiale communiquée, les mémoires présentes et/ou passées que les autres nous rapportent. Dans cette perspective, la fonction de l’autoréflexion acquiert une importance particulière. Il n’y a de construction identitaire qu’à travers l’intervention de l’autre en tant que miroir (Winnicott, 1967), en tant que porteur de la parole et du sens (Aulagnier, 1984). Ce processus atteint son apogée à l’adolescence lorsque, du fait de son nouveau fonctionnement psychique, le sujet est confronté à une tâche paradoxale : d’une part, il est poussé à se défaire de son histoire infantile, de l’histoire de ses parents, pour trouver par lui-même de nouvelles réponses ; de l’autre, la découverte que le sens est multiple pourra lui paraître comme une perte insupportable du sens de la cohésion de soi. Les images de soi, celles de l’enfance et celles de l’innovation propre à l’adolescence sont multiples. Dans ce sens, le besoin de l’adolescent de parler de lui-même semble répondre à l’exigence d’une « mise en forme » identitaire et permettre aux nombreuses images qui constituent son Soi en construction d’être unifiées. De cette recherche de sa propre image peut découler un portrait auto-biographique où l’adolescent peut voir, comme dans le « portrait » de Dorian Gray [12], d’une part ce qu’il a été, de l’autre ce qu’il est en train de devenir.

9Cet ensemble d’images conscientes et inconscientes est en mouvement constant dans le creuset identitaire qui, tel un kaléidoscope, permet la création de nouvelles formes, incomplètes ou temporaires, qui reflètent les négociations entre les expériences passées et actuelles. Cette activité intense et ces contenus sont, naturellement, recréés dans l’imagination ; dans cette opération de donner un sens, l’adolescent, mais aussi de manière plus générale l’individu, doit avoir recours à une imagination créative. L’imagination peut ici servir de soutien si elle est utilisée comme un instrument de connaissance ; en créant des scènes et à travers les rêves diurnes, l’adolescent peut revivre des expériences qu’il a vécues de manière positive ou négative, ou en anticiper d’autres qu’il n’a pas encore vécues avant de traverser l’inconnu et l’imprévisible de la nouveauté. L’autobiographie devient alors un dispositif narratif très articulé, qui contient des éléments de base du fonctionnement mental du sujet et des indications sur son évolution future.

10Ce qui intéresse l’analyste, c’est la manière dont l’adolescent se place devant lui-même, comment il se représente, comment il flotte entre la représentation idéale de soi et son existence effective ; il est important de savoir quelle est la place que les images du passé occupent en lui, si elles lui donnent la possibilité de créer une nouvelle image de soi ou l’empêchent de le faire en le retenant dans l’indéfini. Alors que chez l’adolescent sans problèmes la narration auto-biographique, parfois transposée dans son journal, devient une manière de s’explorer soi-même, de créer et de figer le Soi qui n’en demeure pas moins en évolution constante, chez l’adolescent problématique la situation est tout à fait différente. Le rapport avec le fait évoqué se perd, la narration devient l’expression des défenses. Le fil rouge du récit s’interrompt pour laisser la place à des sauts logiques, les vides de mémoire sont remplacés par des rêveries qui empiètent sur la capacité d’élaboration. Nous pouvons trouver un même schéma narratif qui se répète. Nous savons pourtant que la narration auto-biographique que l’adolescent en situation d’effondrement essaie de faire est une tentative désespérée de donner un sens à un Soi dispersé et confus. Dans les plis du récit, l’analyste peut découvrir le fonctionnement actuel de cette psyché et la manifestation masquée d’anciennes mémoires traumatiques.

Santiago et le recours aux sliding doors

11

Santiago, dix-sept ans, un brillant lycéen en série littéraire, a décidé d’arrêter ses études. Il y a beaucoup de choses qu’il voudrait faire et il ne supporte pas l’idée d’en choisir une en excluant les autres. Il entend par « recours aux sliding doors » le fait de s’imaginer dans les mille occasions ou les mille vies qu’il aurait voulu vivre. Physiquement, il a un aspect amorphe et porte des couleurs sombres. Il n’est jamais sorti avec une fille, cela ne lui vient même pas à l’idée. En parlant avec ses amis, il se définit comme « détaché » ; il sait se débrouiller lorsqu’il s’agit de sujets intellectuels, mais autrement il ne sait pas quoi dire. Ses seules passions sont la musique et le chant qui l’aident à rêver.
Santiago a été adopté par un couple italien. Il avait eu jusque-là une vie difficile. Le soir, dans l’obscurité de sa chambre, ou dans les moments d’attente et de solitude, il lui arrivait souvent de « rêver les yeux ouverts » d’une mère qui l’embrassait : il imaginait ses traits, son visage, ses cheveux.
À cinq ans, on lui avait communiqué qu’un couple l’emmènerait avec lui ; en voyant sa nouvelle mère, il avait éprouvé un sentiment fort d’étrangeté : ce n’était pas celle qu’il avait toujours imaginée ! La mère de son histoire avait la même couleur de peau, des cheveux de jais comme lui et n’avait rien à voir avec sa mère adoptive. Ce conflit a été l’une des raisons pour lesquelles son expérience d’adoption ne s’est jamais constituée comme une réparation de l’expérience traumatique précédente.
Le recours à l’imagination, qui avait été pour lui un réconfort et un soutien aux moments difficiles de sa vie en institution, a commencé à se transformer en rêverie de sliding doors, comme sI il s’était organisé défensivement pour pourvoir à ses besoins. Santiago explique qu’il préfère rêver les yeux ouverts d’un monde où il peut être le metteur en scène de son histoire sans renoncer à rien, plutôt que vivre une vraie vie. Il commence ainsi à construire des fragments de son autobiographie imaginaire. Cette attitude, devenue partie intégrante de sa vie, est omniprésente à l’adolescence. Parfois, dans la première phase du processus analytique, en partant du souvenir d’un rêve, il glisse dans une sorte d’état onirique qui a en toile de fond son autobiographie.
Un jour, lors d’un voyage dans une ville étrangère avec ses parents, il voit dans un restaurant une photo de famille où un enfant fête son anniversaire et il lui semble y reconnaître lui-même et sa famille idéale.
Les sliding doors lui permettent d’entrer dans un autre monde, un retrait en lui-même, à la fois « étrangeant », délirant et protecteur, grâce auquel il reconstruit une autre de ses histoires auto-biographiques. Une autre histoire particulière commence ainsi, dans laquelle il place les rares souvenirs de son passé et les fragments du présent qu’il choisit avec soin dans la myriade d’événements quotidiens. En fait, cette histoire l’éloigne de lui-même, mais elle lui donne en même temps une cohérence intérieure. Il existe quelque part dans sa psyché un Soi qui a eu un passé et des relations fiables.

12Santiago utilise un mécanisme particulier, présent chez de nombreux patients borderline ou psychotiques : saisir dans le monde environnant un élément détaché de son contexte, un fragment de réalité, pour l’utiliser ensuite à l’intérieur de sa construction imaginaire. Il nous a ainsi exposé à un paradoxe continuel : son histoire auto-biographique imaginaire – qui a pour thème la découverte de la continuité de ses origines, le fait de retrouver lui-même, une mère, une famille qui représentent l’identique à soi – n’est qu’imagination. D’autre part, il est incapable de construire une continuité en faisant le deuil de ses pertes traumatiques, en acceptant sa réalité d’aujourd’hui, ses parents à la peau blanche qu’il sent comme étrangers et « étrangeants ». Un autre aspect de ce problème est, en effet, l’éloignement d’avec lui-même, la présence constante d’un étranger. Santiago a maintenu un sentiment illusoire de continuité du Soi qui n’est pas affecté par la conscience de l’autre comme étant séparé. Il s’est soustrait à la relation avec l’objet qui aurait pu réunir les fragments éparpillés du soi, mais qu’il aurait vécue comme le monstre qui pouvait l’englober.

13Peut-on arriver à l’affirmation paradoxale que n’importe quel récit auto-biographique peut être considéré comme utile pour le maintien d’un Soi même si, dans le cas de la psychose, il est prothétique et en partie éloigné de la vérité historique ? Il ne faut pas oublier que Freud disait que dans tout délire il y a un noyau de vérité : « Et le paranoïaque réédifie [l’univers], pas plus splendide certes, mais du moins tel qu’il puisse de nouveau y vivre. Il l’édifie par le travail de son délire. Ce que nous tenons pour la production de maladie, la formation délirante, est en réalité la tentative de guérison, la reconstruction » [13]. L’autobiographie du psychotique, aussi éloignée soit-elle de la réalité, est une manière d’assurer une certaine continuité à un Soi qui présente des interruptions, des fragilités, des inconsistances mais qui possède, malgré tout, un noyau de vérité historique.

L’autobiographie psychotique

14Philip K. Dick, un des plus grands écrivains de science-fiction, raconte, dans son célèbre Blade Runner[14], les traumatismes de son enfance. Il était issu d’une grossesse gémellaire ; sa sœur était morte à la naissance et ses parents avaient écrit sur la pierre tombale les noms et la date de naissance de la petite et de Philip. À sa mort, c’est dans cette tombe que Philip K. Dick a été enterré. Peut-être a-t-il été toute sa vie un répliquant, comme les protagonistes de son livre, cherchant désespérément à trouver dans ses histoires futuristes une sorte d’autothérapie – non réussie, il a fini par se suicider.

15Louis Althusser a été interné en hôpital psychiatrique pour avoir tué sa femme. Les dépressions et les délires ont endeuillé sa vie et il a écrit son autobiographie en quelques semaines durant une de ses sorties de l’hôpital. Comme l’écrit F. Petrella (2001), l’« autobiographie [d’Althusser] a une signification autothérapeutique et rééducative évidente au sens clinique et psychiatrique du terme, qui ressort de plus en plus clairement dans le développement de ses presque 300 pages »[15]. Il cherche à se réapproprier un droit à la parole, son histoire, tente de donner sens au chaos et à la confusion. Plus qu’un récit auto-biographique qui, bien que reconstruit par l’imagination, a des caractéristiques de cohérence, continuité, logique et respect des événements passés, nous avons en fait une construction dont le but est d’organiser une structure prothétique grandiose. Une négociation complexe avec les données auto-biographiques, vise à effacer les données originelles. C’est une tentative de donner un sens à une origine perdue, sans jamais y avoir accès (Aulagnier, 1984). Le psychotique, en effet, a créé des zones de sa psyché auxquelles il est impossible d’accéder par la pensée, où peuvent être contenus les secrets ayant trait aux origines et à des doutes sur l’existence.

16L’absence d’un Soi capable de contenir les pensées sur sa propre existence entraîne une recherche constante de réponses. Cette opération confirme la répétition indéfinie propre au fonctionnement psychotique. La perception du temps permet d’avoir une perspective historique de sa propre vie. Chez le psychotique, par contre, la pensée est un phénomène fermé et circulaire, le temps reste concret, la narration factuelle, dépourvue d’un axe chronologique qui relie les divers épisodes de la vie. Le psychotique se sent littéralement victime d’un changement qui ne lui appartient pas ou d’énigmes insolubles qui endeuillent son histoire ; aussi ne peut-il vaincre le sentiment inquiétant d’être transformé dans un autre qu’en construisant un roman familial délirant qui rétablit une histoire peut-être non crédible, mais du moins racontable.

Utilité de la narration autobiographique

17P. Ricœur (1991) parle d’identité narrative au croisement de deux manières de raconter : l’une, historique, est liée à la mémoire, aux documents de l’existence, aux photos de famille ; l’autre est de l’ordre de la fiction et de l’exploration de l’imaginaire : c’est le récit de soi-même, autrement dit un roman dont les trames sont liées au sentiment d’existence. W. R. Bion (1970) distingue la mémoire littérale de la réminiscence. On pourrait reconnaître à cette dernière activité le sens littéral de « ramener au cœur » (re-cordare). Dans cette optique, la tentative de connaître les origines du roman familial (Freud, 1908) apparaît comme une recherche de sens à partir de la création d’une auto-lecture où nos souvenirs peuvent être transformés en imagination et transfigurés par le contact vivifiant avec les émotions. Le vrai souvenir ramène au cœur. La narration auto-biographique se trouve à mi-chemin entre la vérité et l’imagination. Elle n’est pas, en effet, un compte rendu statique ; elle peut être modifiée, elle est issue du dialogue, de l’échange de mots, de représentations et d’images avec l’autre imaginaire et dissocié auquel le narrateur est confronté dans cette opération. Cet autre a, par ailleurs, un rôle d’observation. Ceci entraîne une dissociation générative : l’individu se raconte à lui-même, à l’instar du rêveur qui rêve et de celui qui écoute le rêve. Pour construire la nouvelle histoire, il faut toutefois défaire les nœuds, observer les vides et les sauts. A. Ferro (2014) parle de déconstruire les liens emmêlés : un aspect très délicat et complexe. Le résultat est une narration qui fournit un mode d’identification du Soi où imagination et autobiographie s’entremêlent pour construire un nouveau discours sur le Soi. Le souvenir peut être traité comme une projection pour comprendre le fonctionnement mental du patient, à l’égal du rêve.

18L’analyse enclenche un processus qui met dialectiquement en relation les traces du passé avec l’expérience du présent – un présent en mesure d’œuvrer sur le passé [16]. Cette opération ne se rapporte pas seulement aux mémoires explicites, mais aussi à un impensé qui constitue très souvent le dépôt des traumatismes non élaborés ayant constitué la vie précoce de ces patients. Il existe toutefois un autre aspect plus important, très semblable à ce qu’affirme S. Bolognini dans son travail sur les styles et les techniques d’exploration de l’inconscient à propos de l’intégration expérientielle qui peut advenir dans le préconscient : lorsqu’on nous offre la possibilité de « […] flotter, ondoyer, nous en remettre à une réalité qui suit des codes différents et inattendus, mais qui ne nous est pas interdite […] le fleuve associatif dissout le mortier de la “ porte murée ”, le “ mur ” s’effrite petit à petit, sans effondrements catastrophiques, en rouvrant des zones auparavant inaccessibles » [17].

L’utilisation de la narrativité en psychothérapie

19

Matteo est un garçon de quinze ans, fils cadet de parents assez âgés. Il arrive en analyse dans une situation d’effondrement avec des problèmes majeurs d’identité, de comportement, de socialisation et scolaires.
Six mois après un début difficile, il est souvent absent aux séances et m’agresse parfois verbalement. Il me demande un jour (dans la première séance de la semaine) s’il peut me parler des matières qu’il étudie à l’école. Il pourrait me parler d’histoire, dit-il. Je lui réponds qu’il voudrait peut-être me parler de son histoire. Il me répond qu’il ne sait pas si cela a quelque chose à voir, mais qu’il commencera par là : en 1979, il était très renfermé ; en 1978, il l’était aussi, mais il avait quelques camarades ; en 1977, il fréquentait une autre école. La semaine d’après, dans la première séance, il est de nouveau ennuyé. Il décide de reprendre l’histoire. Il ne se souvient pas des cinq premières années de sa vie. Vers cinq-six ans, il a commencé à regarder la télévision. Son frère se plaint parce que, contrairement à Matteo, il ne l’a fait qu’à dix-douze ans. Il énumère les « Canzonissima » (show de variété italien) d’une année à l’autre, en indiquant également les divers présentateurs : Vianello, Goggi, etc. En 1975, sa grand-mère meurt. Son esprit commence à s’ouvrir en 1977-1978. Cette année (1980), les choses vont déjà mieux. À l’école, il n’a dit que deux ou trois phrases incohérentes, avec le temps elles disparaîtront.
Il énumère les appareils pour enregistrer qu’il a eus ; il les abîme en les nettoyant avec l’alcool et les autres les réparent. Lorsque je lui demande de me parler de la mort de sa grand-mère, il me dit qu’il était très attaché à elle, mais qu’il avait eu peur d’éclater de rire à son enterrement. De temps à autre, Matteo parle de notre relation : « Il y a une rivière qui nous sépare, vous et moi, comme il y en a une qui me sépare de mes camarades », dit-il. « Il y a des ponts, mais ils sont au-dessus de la rivière (…) ». « Ces ponts sont la communion des mots, mais les ponts peuvent aussi sauter en l’air. C’est la majorité qui fait sauter les ponts que l’opposition construit ; ou plutôt, la majorité s’insinue dans l’opposition et la divise en deux ».
Un an plus tard, Matteo commence à me raconter qu’il a écrit et qu’il est en train d’écrire un livre. C’est l’histoire d’un empereur, si ce n’est que ce roman est le prolongement de sa vie : il ne sait pas où commence l’un et où se termine l’autre, comme avec la télévision quand il se sent un des personnages des films télévisés. À cette période, il ne l’écrit plus, mais il vit encore dans le roman. Nous convenons qu’il me racontera tout. C’est une histoire pleine de généalogie, d’apparentements, de relations complexes, de dates. Elle semble parler de faits réellement advenus ; parfois, la réalité semble dépasser l’imagination et vice versa. C’est l’histoire d’un empereur trahi par sa femme qui le fait tuer. Sa fille lui succède en assumant la régence du prince héritier, encore enfant. Mais les trahisons se succèdent et l’un des frères cherche à son tour à faire tuer le jeune garçon. Des alliances internationales s’établissent avec le duc d’Aoste, l’empereur étant démocratique et la monarchie constitutionnelle. En réalité, à sa naissance le fils d’un industriel a été substitué au fils de l’empereur. Matteo utilise une multitude d’éléments de la vie de tous les jours pour construire son roman. Par exemple, une broche représentant une petite colombe, épinglée à une de mes robes, devient l’emblème d’un aigle rampant. Il envisage de se faire, lui aussi, un blason avec un aigle sur champ bleu et blanc. En général, et ce dans plusieurs séances, surtout la première année lorsque dans l’histoire prédominent des thèmes liés à la monarchie, je suis dans l’analyse une sorte de « conseiller du roi » ou parfois de « bouffon » chargé de l’amuser.
Au début, j’avoue avoir été très surprise par sa façon de me traiter. Je me suis longtemps demandée où et comment je me trompais. Ses réactions initiales à toute sorte d’interprétations, m’ont amenée à être très prudente et à modifier mon style. Je l’écoute donc durant les séances ou pendant qu’il développe son histoire et je cherche, plutôt, à y participer de manière différente en me confrontant à lui, en réfléchissant, en faisant des rapprochements et, en moindre mesure, en interprétant.
L’histoire se transforme petit à petit et lorsque, l’année suivante, Matteo connaît Elisa, la fille d’un petit industriel, il me raconte dans une séance qu’il a imaginé qu’il recevait un legs. Avec cette somme – continue le roman –, il a acheté une fabrique d’équipements de radiotélévision, mais les « relatives » se sont introduits dans la fabrique et ont réussi à contrôler les points névralgiques. Il les a laissés faire parce qu’il y avait un accord secret. Par le terme « relatives » il entend ses proches et, lorsque je lui pose la question, il précise qu’il s’agit de son oncle et de ses cousins. Lorsque je lui demande si cette histoire a un rapport avec le fait qu’il vient de faire la connaissance d’Elisa, Matteo éclate de rire et dit que dans l’histoire Elisa épouse un autre homme.
Je lui fais remarquer que son roman a maintenant changé : avant, il était un empereur, maintenant il est un industriel qui fonde une fabrique grâce au legs qu’il a reçu. Peut-être est-il en train de revaloriser l’héritage de ses parents, peut-être y a-t-il une plus grande correspondance avec sa vie de tous les jours. Il proteste, mais il affirme ensuite que, pour être indépendant, il doit tuer certaines relations avec ses parents. Il ajoute que, dans la fabrique, un des « relatives » était son frère et qu’il pouvait ainsi le contrôler. Je lui parle de ce fait de contrôler et d’être contrôlé dans la famille, du fait qu’il veut contrôler son frère dont il est du reste jaloux. Matteo continue en disant que l’entreprise faisait partie d’un holding financier qui possédait au début une fabrique de vidéos pornographiques pour personnes anormales, puis avait acheté les télévisions et ensuite des actions d’Alfa Romeo. Je dis que ce holding est une sorte de mère qui a tout en elle, mais qu’il a peur que son frère et son père l’occupent. En entendant ce commentaire, il se vexe et proteste vivement ; il dit que, avec toutes ces choses, je l’empêche de raconter son histoire. En fait, l’histoire se transforme au fil des mois en montrant les vicissitudes intérieures de Matteo, ses tentatives de trouver un nouvel équilibre, sa peur d’un nouvel effondrement. Il me semble qu’à travers notre travail les choses deviennent petit à petit plus claires. Intriguée par son récit précédent sur l’échange des deux enfants, les fils de l’industriel et de l’empereur, je lui demande de me parler de sa naissance. Il me dit qu’il a appris qu’à sa naissance on attendait une petite fille et qu’on lui a dit que sa mère avait mal réagi quand elle avait vu que le nouveau-né était un garçon.

20Matteo a raconté un roman familial qui est aussi une sorte d’autobiographie. Il recompose les pièces connues du puzzle de son histoire pour combler l’écart entre l’image idéalisée et l’image réelle de ses parents, et surtout pour se reconstruire de manière omnipotente. Matteo est né quand ses parents étaient fatigués et âgés. À sa place, ils attendaient une fille. Son père travaillait à l’époque dans une entreprise industrielle, alors que la famille de Matteo est d’origine noble du côté de sa mère. Il a eu une éducation très formelle. Il portait toujours veste et cravate. Son père souvent absent, était écrasé par sa mère. C’est surtout son oncle maternel qui a fait peser son influence normative. Les deux familles ont presque fusionnées. Tous les dimanches, Matteo devait se rendre avec sa famille chez l’oncle monarchiste.

21Dans la première séance que nous avons rapportée, la réévocation par Matteo de son histoire personnelle est au fond la séquence presque désanimée de ses relations avec les machines. La télévision et les différents programmes représentent des mémoires de relations avec quelque chose d’autre que soi, bien qu’inanimé, une sorte de série historique qui condense l’histoire infantile d’une partie vraie du Soi. Matteo intègre des vécus différents et discordants, comme ceux représentés par cette série historique, avec les vécus liés à l’histoire complexe que ses parents lui imposent, une histoire qui prédéfinit également son identité et lui assigne rigidement une place. Une place qui est cependant mise en question dès l’origine : lorsqu’il est né, on attendait une fille et il n’y a pas de place pour lui après le suicide de sa tante maternelle qui a fusionné les deux familles.

22Le roman familial de l’empereur, avec ses transformations successives, a une qualité psychotique du fait de son poids et de sa force envahissante, et du fait aussi des éléments de confusion entre vie réelle et imaginaire au point qu’il devient une sorte de vie en parallèle, désubjectivée. Il représente toutefois une tentative complexe et en partie réussie d’articuler des époques et des histoires différentes comme celles de son passé infantile, de la famille, de son quotidien, de sa relation avec l’analyste. À travers ce roman familial, Matteo effectue de nombreux essais d’identification comme ceux qui se rapportent à la mère-empereur ou au père industriel ou, plutôt, au monde confus de l’une et au monde confus de l’autre. Petit à petit, ces essais d’identification sont abandonnés et/ou transformés et intégrés au fur et à mesure que Matteo fait l’expérience d’une relation innovante en se racontant à lui-même durant les séances.

23La multiplication des événements que Matteo racontait a attiré l’attention de l’analyste sur le fait que cette histoire en soi était moins importante que ne l’était la narration comme un processus ayant des fonctions multiples : 1) le rétablissement d’une continuité temporelle dans un sens linéaire ; 2) la réflexion sur sa propre identité historique et narrative, à travers un dédoublement du Soi ; 3) l’introjection et la consolidation d’une fonction psychique (l’aspect peut-être le plus important) : la capacité de créer et de recréer continuellement sa propre histoire. À cette narration est liée la constitution de la conscience d’une histoire, celle que C. Bollas appelle « une conscience historique » qui renvoie en même temps à une aire réceptive dans l’esprit de l’analyste qui permet à l’analysant de développer la partie de la psyché qui connaissait l’histoire du Soi (Bollas, 1992).

24Pour résumer notre argumentation, nous pouvons réitérer l’importance de la narration auto-biographique qui se constitue en tant que lieu « expressif » du Soi dans l’ordre de l’espace et du temps définis moins comme systèmes objectifs, chronologiques et topographies que comme systèmes exprimant la distance et/ou la proximité avec les « objets » à l’intérieur de nous, les « relations » avec ces objets, les « identifications », les « transpositions », mais également les nouvelles constructions qui sont créées, par exemple, dans le présent de l’expérience analytique. L’analyste sait que chaque « style » auto-biographique révèle une « économie » intérieure où se déclinent également les parties « muettes » du Soi, les zones inaccessibles qui peuvent se rapporter à des vécus non représentables, mis sous secret, dissociés, niés ou clivés, ou à des fantasmes transgénérationnels qui peuvent bloquer la capacité de penser. L’histoire auto-biographique que le patient cherche à organiser se prête à une réécriture fantasmatique qui n’est jamais vraie ou fausse, mais qui cache ses signifiants entre ses plis et, comme le faux self selon D. W. Winnicott, protège une création bloquée ou inachevée, fragile et inadéquate et, par là-même, nécessaire. L’enjeu consiste à mobiliser un processus de pensée grippé afin de réactiver ou de mettre en marche un fonctionnement mental qui a été entravé, bloqué à cause d’un traumatisme non élaboré ou non élaborable.

25Dans le cas de Santiago, nous avons vu que, malgré les nouvelles expériences de sa vie, sa structure ne s’est pas modifiée et que tout avenir est resté bloqué dans l’histoire de son passé. Une histoire qui devient son présent, qui se dissimule dans chacun de ses regards, de ses gestes, de ses mots et qui survit non pas comme souvenir, mais comme manière d’être, de se rapporter au monde. Grâce aux sliding doors, il peut alors échapper à l’attaque du passé pour habiter d’autres mondes. Dans le cas de Matteo, la lente transformation de la biographie et du roman familial délirant recréée dans la relation avec l’analyste lui permet petit à petit de reprendre le contrôle des expériences qu’il a tenues à distance, d’un passé souvent difficile à signifier.

26Dans notre pratique clinique, nous ne savons pas le plus souvent où nous aboutirons et il nous faut attendre que le patient puisse rencontrer des parties de son histoire qui ont été exclues de différentes manières, ou rendues inaccessibles, une ouverture qui peut déployer, fertiliser le travail du préconscient. L’autobiographie recréée dans l’analyse peut alors représenter la réinvention de soi et de sa propre histoire.

Notes

  • [1]
    Communication à la 27ème conférence annuelle « Ruptures » organisée par la Fédération Européenne de Psychanalyse, du 10 au 13 avril 2014, à Turin (traduction du Docteur Antonella Angelini Rota).
  • [2]
    « […] the written word provided a net which for a moment entangled a shadowy form which was other than the meaning of the words ».
  • [3]
    Freud, 1924, p. 57 (éd. it.) ; p. 125 (éd. fr.).
  • [4]
    Freud, 1899a, p. 436 (éd. it.) ; p. 274 (éd. fr.).
  • [5]
    Ibid., p. 450 (éd. it.) ; p. 274 (éd. fr.).
  • [6]
    Dans Remémoration, répétition et perlaboration (1914), après avoir affirmé que ce qui ne peut pas être remémoré à l’aide des mots est en réalité remémoré autrement, à travers la répétition dans l’agi, il ajoute : « S’agissant d’une sorte particulière d’expériences vécues extrêmement importantes qui se situent dans les tous premiers temps de l’enfance […] le plus souvent aucun souvenir ne peut être éveillé. On parvient par des rêves à la connaissance de ces expériences vécues […] » [Freud, 1914, p. 355 (éd. it.) ; p. 189 (éd. fr.)].
  • [7]
    Merciai, Cannella, 2009, p. 253 (traduction libre).
  • [8]
    Freud, 1929, p. 562 (éd. it.) ; p. 254 (éd. fr.).
  • [9]
    Pour employer les mots de Freud « […] l’analysé doit être amené à se remémorer quelque chose qu’il a vécu et refoulé […] » [Freud, 1937, p. 542 (éd. it.) ; p. 62 (éd. fr.)]. L’analyste « a à deviner l’oublié que celui-ci [l’analysé] a laissé derrière lui ou, pour s’exprimer plus exactement, à le construire » [Freud, 1937, p. 543 (éd. it.) ; p. 62 (éd. fr.)].
  • [10]
    Les études sur la psychologie du développement ont montré clairement l’importance de la mémoire dans l’organisation des premières représentations de soi (Mancia, 1981).
    De manière très significative, de nombreux psychanalystes soulignent que la capacité auto-biographique apparaît tardivement dans l’évolution de l’enfant. D. Stern (1985), par exemple, affirme que le soi narratif défini par les narrations auto-biographiques n’apparaît qu’avec l’avènement du langage, mais que ces narrations sont naturellement conditionnées par les stades précédents. Selon ces auteurs, le soi narratif est l’un des stades les plus évolués du développement du Soi et il comprend naturellement les stades précédents, ce qui est un point crucial.
  • [11]
    Freud, 1899b, p. 5 (éd. it.) ; p. 4 (éd. fr.).
  • [12]
    Wilde O. (1890). The picture of Dorian Gray. Nürnberg : H. Carl ; Le portrait de Dorian Gray. Paris : P.-V. Stock, 1921.
  • [13]
    Freud, 1910, p. 315 (éd. It.) ; pp. 293-294 (éd. fr.).
  • [14]
    Dick P. K. (1968). Blade Runner (Do Androids Dream of Electric Sheep ?). New York : Ballantine Books. (Blade Runner. Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Paris : J’ai lu, 2012).
  • [15]
    14. « La sua autobiografia ha un evidente significato autoterapeutico e riabilitativo nel senso clinic e psichiatricondel termine, che prende sempre pi evidenza nello sviluppo delle sue quasi 300 pagine » [Petrella F. (2001). Osservarsi dall’abisso : le autobiogafie di Louis Althusser. Oltrecorrente, 3 : 115-127 (www.psychomedia.it/pm/modpsy/psypat/althus.htm)].
  • [16]
    Dans l’espace analytique, la narration auto-biographique renonce à être un récit de vie vécue et devient le résultat d’une élaboration des fantasmes inconscients. (Cupelloni, 2005).
  • [17]
    Bolognini, 2008, p. 604 (éd. it.) (traduction libre).
Français

La narration auto-biographique va au-delà du simple récit intérieur. Chez les adolescents qui présentent des troubles psychiques sévères, il y a une construction plus ou moins délirante dont le but est d’organiser une structure prothétique ou grandiose pour le narcissisme. Reconstruire les moments de la vie peut être une tentative de réparer des sentiments de dispersion. L’autobiographie recréée dans l’analyse peut alors représenter une réinvention de soi.

Mots-clés

  • Autobiographie
  • Identité narrative
  • Mémoire
  • Psychose
  • Rupture du développement
  • Soi

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Mis en ligne sur Cairn.info le 22/01/2016
https://doi.org/10.3917/ado.094.0805
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