Chapitre
Cet ouvrage est bienvenu à une époque où la psychanalyse se voit violemment attaquée, et à travers elle le soin psychique, si ce n’est les sciences humaines dans leur ensemble.
On sait que pour D.W. Winnicott : « Ce qui est naturel, c’est de jouer » et, ajoutait-il : « Le phénomène très sophistiqué du xxe siècle, c’est la psychanalyse » qui est assurément un jeu éminemment créatif et créateur.
Il y a donc un certain masochisme de la pensée à vouloir s’en prendre à elle-même, c’est-à‑dire à ce qu’elle a de plus précieux, et je ressens très vivement la virulence agressive actuelle à l’égard de la psychanalyse comme s’intégrant dans le phénomène plus large de la haine de la pensée à l’égard de la pensée.
À l’inverse cet ouvrage, que j’ai donc l’honneur et le plaisir de préfacer, m’apparaît avant tout comme un vibrant hommage à la pensée et à la psychanalyse.
Dès l’argument on lit pourtant : « Certes, nous dit avec humour Wilfred Bion, la psychanalyse ne va pas disparaître si l’on contemple tous les livres qu’elle a produits sur les rayons des bibliothèques. Mais y aura-t-il toujours des penseurs pour la penser ? »
Nombre d’écrits psychanalytiques actuels ont en effet plus souvent une fonction de réassurance identitaire pour des praticiens insécurisés par les attaques évoquées, qu’une fonction de véritable créativité conceptuelle.
C’est dommage, mais c’est tout de même un constat ; voilà pourquoi le livre de Marie-José Durieux, qui met en perspective les œuvres réputées complexes de deux grands psychanalystes – l’un anglais, l’autre français –, a quelque chose de salutaire, de roboratif et de stimulant…
Plan
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/02/2023
- https://doi.org/10.3917/eres.durie.2023.01.0007

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