Chapitre
« Machiavel, – ce nom propre universellement connu, qui devait fournir à la langue française un substantif, “machiavélisme”, et un adjectif, “machiavélique”, – une époque, la Renaissance ; une nation, l’Italie ; une ville, Florence ; et enfin l’homme lui-même, le bon fonctionnaire florentin, qui, en toute innocence, en toute ignorance de l’étrange avenir, portait ce nom de Machiavel, voué à la réputation la plus éclatante et la plus équivoque. »
Ce sont par ces lignes que débute Jean-Jacques Chevallier le chapitre premier de son remarquable ouvrage, Les grandes œuvres politiques (1957). L’essentiel de Machiavel et de sa postérité y est évoqué ; la Renaissance italienne et son humanisme civique, favorisant l’avènement de la modernité et du sujet individu, que nous retrouvons dans l’œuvre du philosophe ; une nation sous domination étrangère et une cité-État en proie aux querelles fratricides, aux jeux politiques les plus féroces comme les plus subtils, lesquels pays et ville font écho à la fois au paradigme de conflictualité qui structure la pensée machiavélienne et à la finalité du petit ouvrage, Le Prince, qui est de libérer l’Italie du joug « barbare » ; le fonctionnaire, historien, philosophe politique, dramaturge et poète, qui a sa vie durant sondé les profondeurs de l’âme humaine et cerné les rouages de l’art politique.
Mais ces lignes indiquent également ce qui a échappé à cet homme de cour et d’étude : sa postérité, sa légende noire. Si Niccolò Machiavelli, aux côtés de Thucydide, est considéré comme l’un des fondateurs du réalisme politique, il est aussi accusé par l’…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 20/07/2022
- https://doi.org/10.3917/ems.livia.2022.01.0088

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