CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Hannah Arendt est bien loin des philosophes « orthodoxes ». Inspirée par une volonté tenace de comprendre le monde à partir d’une attention portée au réel, elle répète sans aucune équivoque ne pas appartenir au cercle des philosophes. Il est vrai qu’Arendt se méfiait de tous les qualificatifs par lesquels on tente d’enfermer une personne ou une pensée dans une case bien délimitée en vue de légitimer une lecture binaire des choses. Elle rejetait avec autant de force le qualificatif d’« intellectuelle issue de la gauche allemande », que Gershom Scholem lui donna suite au procès Eichmann, ou encore celui de femme d’exception utilisé à son égard lors de sa nomination comme professeur à Princeton, bien qu’elle fut la première femme nommée professeur dans cette prestigieuse institution. Arendt entreprend constamment de conjuguer un double effort visant à élucider les concepts-clés de la philosophie et à comprendre son époque.
Le besoin de comprendre l’époque dans laquelle elle vivait la poussa à imaginer une méthode qui ne se laisse enfermer dans aucune discipline monochrome, caractérisée par la mise en tension de l’actualité et de la tradition, des faits et de l’histoire des concepts. La pensée d’Hannah Arendt se construisit à partir de ses expériences personnelles et des rencontres intellectuelles nouées avec les plus grands philosophes de sa génération : Husserl, Heidegger, Camus, Jonas… Le texte Pour dire au revoir à Hannah Arendt, rédigé par son amie Mary McCarthy en 1976, c’est-à-dire un an après le décès de la philosophe, dresse le portrait d’une femme à la fois généreuse et impatiente, conservatrice et éprise de liberté, inspirée et déterminée dans son projet d’appliquer sa pensée à tous les objets dont elle fut contemporaine : de l’intégration raciale dans les écoles au Watergate, de la Révolution à la guerre du Vietnam, des camps d’extermination au sionisme……

Christine Noël-Lemaître
Est Maître de conférences HDR en philosophie à l’Institut d’Histoire de la philosophie UR 3276 d’Aix-Marseille Université où elle a dirigé la département de philosophie de 2018 à 2021. Enseignante-chercheuse à l’IDRAC, ses recherches portent sur la contribution de la philosophie moderne et contemporaine à la compréhension des interactions sociales et en particulier du travail et du management.
Séverine Le Loarne-Lemaire
Est Professeure HDR en entrepreneuriat & innovation à Grenoble École de Management et Titulaire de la Chaire FERE (Femmes et Renouveau Économique). Ses recherches portent sur les pratiques entrepreneuriales des femmes, en tant que (nouvelles) formes de subjectivation des femmes.
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Mis en ligne sur Cairn.info le 20/07/2022
https://doi.org/10.3917/ems.livia.2022.01.0013
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