Chapitre
À qui appartient un corps ? À une culture, à des normes sociales, à un regard qui le fait et le défait, à des médecins, des sorciers, des sorcières, des chamans, des hommes de foi, de loi ? Au sujet qui le parle ? Qui a autorité pour le décrire, le dire, le construire ? Un corps adolescent, amoureux, un corps vulnérabilisé, transformé, handicapé, un corps pris dans la foi religieuse révèlent les normes d’une société, mettent au jour ses pratiques discursives dans lesquelles ces corps évoluent et par lesquelles ils sont affectés. La fabrication d’un corps, qui charrie tout type d’imaginaire et manifeste des réalités sensibles multiples, semble être un « fait social total », selon l’expression maussienne, tant elle produit des effets subjectifs, sociaux, collectifs, politiques structurellement interdépendants.
Le/s corps sont fabrique discursive, pratique sociale et subjective. Le corps, en tant qu’objet de discours, les corps en tant que pratiques sociales subjectives et politiques brouillent les frontières du sensible, du visible, de l’intelligible, les frontières aux contours normés des genres sexués, du sacré et du profane, du moi et du monde qui l’entoure.
C’est en tant que ces discours affectent le corps que celui-ci peut en retour affecter les discours et les transformer. La fabrique sociale et la pratique subjective des corps affectent l’espace subjectif et collectif et créent parfois les conditions de possibilité d’une expérience politique de résistance aux normes et aux contraintes d’une époque…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 31/01/2023
- https://doi.org/10.3917/herm.laufe.2022.01.0015

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